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L’Œil Rouge du Dragon
24 mars 2009

Chapitre X

Substitution de cristal dans une auberge hostile ; brume noire et chanson. Rencontre avec un vieillard. Durant cette nuit bruyante de Fest-gor, à l’auberge du Cul-de-jatte Sautillant, le maître-au-dragon affolé, entrait dans sa chambre en portant le corps inanimé de Hélöine. « Que s’est-il passé ? lui demanda Boucq-Meter à peine éveillé. – Elle a perdu connaissance ! – Installe-la sur ton lit ! le somma Athis. Met’ va chercher ses amis. Je descends chercher de la liqueur. Tu restes ici ! » Sans un mot, l’ébènien obéit et coucha Hélöine sur le lit. Lorsqu’il se retrouva seul en sa compagnie, il lui prit la main. Dehors la fête battait son plein, et plusieurs fois les éclats des feux d’artifice révélèrent de terrifiantes perspectives de la femme immobile. Par ailleurs, maintenant qu'il regardait se traits paisibles, son évanouissement soudain lui parut curieux. Et l’ébènien se souvint alors, des soupçons d’Athis et des propos d’Avanna. Ce fut à cet instant qu’il entendit des éclats de voix provenant d’étages inférieurs. Et quelque chose dans cette manifestation bruyante, éveilla chez lui un sentiment de panique. Mais voici, Hélöine ouvrant les yeux, se redressa sur le lit. Et le maître-au-dragon manqua de tomber de sa chaise, tellement il fut surpris. « Tu vas mieux ? » balbutia-t-il tandis qu’elle se levait. Cependant, la jeune femme resta muette et extirpa son épée de son fourreau. L’ébènien eut juste le temps de se protéger avec sa chaise, et le coup de la furie vint couper net l’un de ses pieds. A ce moment, des bruits terribles lui parvinrent de l’autre côté de la porte de sa chambre quand brusquement, celle-ci s’effondra sur le sol. Athis fit alors irruption. Il brandissait fermement son épée, et l'ébènien remarqua immédiatement sa lame ensanglantée. « Cours prévenir Avanna, je m’occupe d’elle, commanda-t-il. – Si tu y tiens... bougonna le maître-au-dragon en jetant au visage de Hélöine, la chaise qu’il tenait encore dans les mains. Et il sortit rapidement de la chambre. « A moi Garouhane ! entendit-il le Premier hurler, tandis qu’il se dirigeait vers la chambre de l’apprentie sorcière. – Il ne manquait plus que ça, marmona la jeune femme d’un ton bourru quand l’ébènien l’eut prévenu. – Boucq-Meter est en bas, vite ! » dit-il à Ilim-Wàl qui fit battre ses ailes en baillant. Et le dragonnet sortit de la pièce sur les traces de son maître. Un terrible éclat de verre brisé retentit jusque dans le couloir. A ce moment, l’épéiste apparut dans l’encadrement de la porte. « Elle a sauté », dit-il seulement quand il les vit dans le couloir. Mais trois clients de l’auberge surgirent de l’escalier, et Ilim-Wàl cracha une violente volute de flammes. Finalement, Athis et le maître-au-dragon durent enjamber leurs corps qui se tortillaient douloureusement, pour rejoindre le Premier. Maintenant la promiscuité était trop importante pour qu’Ilim-Wàl vienne en aide à son maître qui transperçait la jambe de l’aubergiste avec l’une de ses lames, tandis qu'il parait de l'autre, son coup de hachoir. Et quand Avanna les rejoignit enfin, les paroles du sort qu’elle chantait, furent couvertes par le tumulte du combat. « Ilim-Wàl, on descend ! Boucq-Meter, suis-le ! Avanna vas-y aussi. Athis et moi, on ferme la marche. Allons ! » ordonna le maître-au-dragon, en faisant siffler des coups d’épées rageurs. Le dragon croqua deux hommes qui bloquaient le passage, puis prit l’escalier en se précipitant vers la salle à manger. Dans la grande pièce, il fila derrière le comptoir, et descendit les marches qui menaient à la cuisine au sous-sol. Mais à peine y pénétra-t-il, qu’il fut capturé dans un sombre filet. Et les Répliques des jumeaux qui l’attendaient, l’assommèrent sans pitié. Avanna elle-même fut maîtrisée quand la Réplique de Pàris l’envoya contre une pile de tonneaux de vin. « Rage! » hurla le Premier en déboulant sur Rômias. Mais Pàris vint aider son jumeau, et Boucq-Meter fut assailli des deux côtés. Athis surgit finalement dans la cuisine, et se débarrassa de Pàris, d’une parade rapide et efficace. La Réplique se brisa dans un cri strident, en une multitude de cristaux. Au même instant, Falisse fit son apparition, et engagea le combat contre l’épéiste. Maintenant, ce dernier se démenait comme il pouvait, mais la Réplique faisait pleuvoir ses coups avec une force incroyable. Et l'ébènien accourait pour prêter main-forte à Boucq-Meter, quand il se retrouva soudain face à Hélöine. A cet instant, un cri strident retentit. Aux pieds du Premier, il était un tas de cristaux. Quand il vit la furie rousse face lui sourire sardoniquement, il marcha lourdement vers elle en levant sa hache. « Attends ! » le pria instinctivement l'ébènien. Mais Boucq-Meter fit tomber son arme au travers du visage de la jeune femme qui se brisa dans un cri. Au même instant, Athis se débarrassa de la Réplique de Falisse. « Quittons l’auberge, proposa le maître-au-dragon. – Avanna n’est pas bien, remarqua le Premier en soulevant le corps inerte de l'apprentie sorcière. Il faut qu’elle se repose. Tout comme votre bête », le prévint-il alors. L’ébènien découvrit seulement le pitoyable état de son compagnon. Son cou palpitait faiblement alors que sa langue de feu sortait de sa gueule. Ses ailes quant à elles, étaient sujettes à d’inquiétants tremblements. Posant sa tête sur ses jambes, l’ébènien vit ses yeux s’ouvrir timidement. Le dragonnet poussa soudainement un grognement, et redressa son cou avec vigueur. Ilim-Wàl se remit sur ses pattes et secoua ses ailes. « ( Tu vas bien ?) lui demanda son maître. (– Oui…) – Il faut trouver un endroit pour se reposer, murmura l’ébènien inquiet. – Et où veux-tu aller ? lui demanda l’épéiste agacé. – Sortons d’abord d’ici », répondit-il en observant le Premier qui portait Avanna sans connaissance. Ainsi, ils empruntèrent la porte de service qui les conduisit à l’extérieur de l’auberge, dans une ruelle nauséabonde. A son extrémité sombre, il était des poubelles que fouillait consciencieusement un vieillard misérable, esseulé. « Alors maître, que faisons-nous ? » demanda Athis avec une curieuse intonation dans la voix. Surpris, l’ébènien observa un moment l’épéiste. Et son attitude de même que son regard lui apparurent comme lors de leur rencontre au sommet du rocher de Garouhane. « Je ne sais pas, avoua-t-il cependant. Il nous faut un endroit pour se reposer en paix. – Mais ici c’est Fest-gor ! s’emporta furieusement Athis. – Aurais-tu un problème ? lui demanda l’autre en faisant un pas vers lui. – Surveille tes mouvements, l’ébènien », siffla l'épéiste en caressant le pommeau de son épée. Boucq-Meter, qui s’occupait de l’apprentie sorcière, nota bientôt le changement d’ambiance autour d’eux. La ruelle s’était assombrie et ils respiraient des relents d’événements tragiques. Délaissant Avanna, il tenta vainement de raisonner les deux hommes énervés. « Me calmer, mon frère ? Regarde autour de toi. N’est-ce pas là, notre amie inconsciente, étendue à côté de la bête infernale de cet ébènien ? N’est-ce pas depuis son arrivée, que nos vies sont en danger ? Les borcraks ! ils accompagnaient le sinistre messager, poursuivit fiévreusement Athis en pointant du doigt l’ébènien consterné. N’est-il pas un traître ? Répond donc, démon ! Que faisais-tu avec la fille aux cheveux rouges ? – Je vois… répondit le maître-au-dragon avec un rictus excédé. N’est-ce pas pour cette raison que tu as quitté ta cité ? Ne rêvais-tu pas de gloire et de combats ? » Dans son coin, là où Avanna inconsciente ne chantait plus, Ilim-Wàl vit Athis tirer son épée pour frapper son maître, et le dragonnet rugit férocement. L’ébènien, Athis et le Premier Homme, qui se retournèrent ensemble, reçurent alors frontalement une puissante volute de flammes. Hurlant de terreur, les jeunes gens tentèrent de se protéger, mais le feu qui lécha leur corps ne les brûla pas. Et bientôt, ils constatèrent que de leurs innombrables pores sortait un épais brouillard… Plus tard, Athis et l’ébènien s’excusèrent gauchement des mots qu’ils s’étaient échangés alors que leurs esprits étaient empoisonnés par la brume ensorcelée. Mais fort heureusement, leur altercation était passée inaperçue. « Moi, je puis vous aider. Si vous le désirez ! » entendirent-ils alors du fond sombre de la ruelle. Les trois hommes et le dragon constatèrent que c’était le vieillard-des-poubelles qui venait de leur adresser ces paroles. « Peut-on savoir qui vous êtes ? demanda Boucq-Meter en se dirigeant vers lui, la hache à la main. – Un pauvre aveugle qui n’intéresse personne, mais qui s’intéresse à tout, répondit l’autre en passant sa main dans d’infâmes cheveux noirs. – Du calme, Met’, fit son frère. Comment voudrais-tu nous aider, vieil homme ? demanda-t-il ensuite avec méfiance. – Vous cherchez un endroit où vous reposer. Je connais un tel lieu, maître. Si vous le désirez, je puis vous y conduire. – En l’échange de quoi ? Car je suppose que cela ne se fera pas sans contrepartie, répliqua le maître-au-dragon. – De quoi manger, si vous le pouvez. Et de la compagnie... » Quand Boucq-Meter se tourna vers Athis, ils croisèrent leurs regards dans une concertation mutuelle. « A mon avis, et il vaut ce qu’il vaut, on devrait lui faire confiance, proposa l'ébènien. – Pourquoi ça ? se renseigna alors l’épéiste. – Ce n’est qu’un mendiant… – De toute façon, on a que ça pour ce soir, et il faut qu’Avanna se repose, acquiesça Boucq-Meter. – Alors nous te suivrons, vieil homme », finit par conclure Athis. Aussi, à la suite du vieil aveugle, quittèrent-ils la sombre ruelle quand un lugubre hululement s’éleva derrière eux. Terrifiés, pas un n’osa se retourner. Près des poubelles de la ruelle qu’ils venaient de quitter, un couple de borcraks, noirs comme le sol brillant de la cité, se chamaillait…
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  • Je souhaite partager avec vous mon premier roman. Si les elfes, orques, gobelins et autres vous sont familiers, sachez que ces derniers seront absents de l'aventure que je vous propose, en contre partie je vous réserve de belles surprises...
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